La Dobrudscha

16 Juillet : l'expédition de Dobrudscha est décidée

21 Juillet : Départ de la 1ere division, commandée par intérim par le général Espinasse, pour la Dobrudscha, avec quatre jours de vivres dans le sac. 16 officiers et 925 hommes restent à l'hôpital. Le 1er zouave faisant partie de cette division doit s'embarquer le 24 pour se rendre par mer à Kustendjé. Son effectif est de 1079 hommes.

La route part des hauteurs de Franka. De Varna à Kaplaki, 12 km de terrain boisé. La journée est chaude, 25 à 30 degrés avec un vent nord-est. La colonne met dix heures pour faire son étape. Le bivouac est assez bon mais quatre cholériques sont diagnostiqués. Le lendemain avant le départ, renvoi de 35 malades à Varna.

22 juillet : Départ de Varna du général Jusuf et des Bachi-Bouzouks faisant partie de la 1ere division pour Kustendjé. Départ de la 2e division (général Bosquet) dans la direction de Bajardjik.

1er division : de Kaplaki à Tchatal Tchesmé, 18 km de terrain boisé et de steppes. Départ à 4 heures du matin, par une température de 30 à 33 degrés avec un vent de nord-est. Le soleil est brûlant, il n’y a pas d'abri. La marche est lente et difficile à cause de l'étroitesse du chemin et de la rapidité des pentes. Une grande halte et faite de 9 h à 3 heures et demi. L’arrivée ce fait sur le plateau de Baltchick, au bivouac, entre 7 et 8 heures. Beaucoup d'hommes sont fatigués et éprouvés par la chaleur. Ils restent couchés sur la route, dans des broussailles et n'arrivent au bivouac que pendant la nuit. Un bulgare requis comme conducteur d'arabas (voiture du pays) meurt du choléra en quelques heures

23 Juillet : 1ere division : de Tchatal Tchesmé à Kavarna, 17 km de steppes à traverser. Le départ est à 4 heures du matin pour la première partie de la division. A peine en route, elle est assaillie par un violent orage. La température va de 18 à 28 degrés. La deuxième partie ne part qu'à 2 heures. L’arrivée au bivouac est à 6 heures et demie. Le campement est bon et les  sources bonnes et abondantes. Départ de la 3e division (prince Napoléon) de Varna pour Kustendjé.

24 Juillet : 1ere division : de Kavarna à Sattelmuch Gol, l’étape est de 22 km de steppes. Le départ est à 6 heures du matin, la température va de 19 à 28 degrés, avec un vent e nord-est. Arrivée à midi. Le bivouac est établi sur la lisière d'un bois, dans une plaine marécageuse, au bord d'un grand lac. Il y a peu de malades mais beaucoup d'hommes fatigués et atteints de diarrhée.

25 Juillet : 1ere division : de sattelmuch-Gol à Mangalia, l’étape est de 26 km de steppes et de plaines. Le départ est à 5 heures du matin, après une nuit très froide, et la température va 14 à 32 degrés. La 1ere division fait une grande halte à Kartal, près d'un grand lac marécageux. Arrivée à 5 heures et demie à Mangalia. Le campement à l'ouest de la ville, près des marais.

26 Juillet : 1er division : L’étape de mangalia à Orgloukoï fait 4 km dans une région de marais et de lacs. Départ seulement à 3 heures. Ce retard est provoqué par le renvoi des malades de l'ambulance à Varna par mer. Les bachi-bouzouks arrivent à Kustendjé.

27 Juillet : 1ere division : L’étape d'Orgloukoï à Orlikeuï, 16 km, traverse des steppes et des marais. Le départ est à 4 heures du matin, par une chaleur étouffante, 19 à 33 degrés. Le bivouac est au bord d'un lac saumâtre. On dénombre 16 Cholériques gravement atteints.

28-19 Juillet : invasion générale et foudroyante de l’épidémie de choléra dans la 1ere division, moins forte dans la 2e division, beaucoup moindre dans la 3e.

1ere division : l’étape d'Orlikeuï à Kustendjé, 27 km, traverse des steppes et des marais; Départ à  5 heures du matin, par une température de 14 à 26 degrés. Une grande halte est faite à Acidluk, sous l’orage, le tonnerre, et une pluie torrentielle. Arrivée à 8 heures du soir devant Kustendjé, au bord d'un grand lac saumâtre. On dénombre 11 cholériques et 4 décès.

Les bachi Bouzoucks et le 1er zouave qui étaient arrivés à Kustendjé le 25 et 26 doivent former la tête de colonne et partent de cette étape de grand matin, pour céder la place au reste de la division, mais laissent leurs éclopés. Cette avant garde fait une grande halte à 7 heures, au bord du lac de Pallas, se remet en route à midi par une chaleur accablante. Les bachi-bouzouks prennent les devants de la colonne que la division suit à distance. Pendant cette marche, le nombre de cholérique devient si considérable que la colonne est obligée de s'arrêter pour attendre des moyens de transport demandés à Kargalick, où le général Jusuf était déjà arrivé avec les bachi-bouzouks. La troupe traverse des marais pestilentiels.

Le 1er zouave compte 60 cholériques et 20 décès. Le médecin major seul présent (l'aide major était resté à Kustendjé pour soigner les premières victimes de l'épidémie) établit ses malades dans quelques maisons abandonnées et laisse des zouaves valides pour les garder.

29 Juillet : 1ere division ; marche en avant des bachi-bouzouks et des zouaves. Départ à 10 heures du matin, sans sac sous l’orage et une pluie torrentielle. Départ du reste de la division à 3 heures et demi, sans sac et sans bagages. Les malades (108 dont 36 cholériques) sont laissés à Kustendjé. Un bataillon du 7e de ligne reste pour la garde de ces malades et donne 13 cholériques. La division marche jusqu’à 1 heure du matin à travers des terrains marécageux et arrive à Kargalick, village bulgare infect et sans ressources où sont déjà les bachi-bouzouks et les zouaves. La nuit est froide et humide.

Le nombre de cholériques prend des proportions telles qu'il faut revenir sur ses pas. Marche rétrograde difficile et pénible à cause de la pluie et du grand nombre de malades. Les moyens de transport sont de beaucoup insuffisants. Un certain nombre de cholériques sont portés à bras, d’autres sont placés sur des brancards improvisés par les hommes du 9e bataillon de chasseurs à pieds. A 8 heures du soir, arrivée au bivouac quitté le matin. L'effectif des bachi-bouzouks  est réduit de moitié.

30 Juillet : 1ere division : chaleur accablante. Un grand nombre de cholériques sont apportés mourants à l'ambulance. Les bachi-bouzouks, suivant leur marche rétrograde, arrivent à Kustendjé s'établissent dans la ville et partent le lendemain pour Mangalia, laissant les maisons remplies et les rues jonchées de cadavres et d'agonisants. Sur toute la route on relève un grand nombre de cholériques.

31 Juillet : départ de la 1er division pour Kustendjé à 8 heures du matin après une nuit froide et humide. 166 cholériques à transporter, ainsi qu’un grand nombre de diarrhéiques et d'hommes affaiblis et fatigués. Arrivée à 11 heures au bivouac de Kustendjé. Les malades sont immédiatement conduits au sud-ouest de la ville, près de la mer, pour faciliter leur embarquement. 240 malades non cholériques sont embarqués pour Varna et pendant la courte traversée donnent 34 cholériques.

Le général Canrobert arrive dans la soirée au bivouac de Kustendjé et fait prendre, dans la limite du possible, toutes les mesures propres à conjurer ou diminuer la gravité de la situation.